A Sugane, chez les Fukuda

Du 11 juillet au 3 aout 2010 Tout est alle tres vite entre la descente du train gare de Tokuyama, et l’arrive de Mamoru san 5 minutes plus tard en voiture. Attention : au japon, on ne parle jamais des gens simplement avec leur prenom. Sortie de la phrase « je m’appelle Robert », on dira toujours toujours toujours, Robert san par ci ou Robert san par la. Ca devient vraiment une sale habitude et c’est pour cela, et aussi par nostalgie, qu’on appelera toujours « Mamoru » Mamoru san et les autres aussi. Mamoru san a reussi a expliquer, Fadia a reussi a comprendre, qu’il avait depose sa femme (Midori san) au club de gym, qu’on passait la chercher, et qu’on… la on a pas bien saisi. Une fois a 4 en voiture, on est parti se garer derriere ce qui pour nous ressemblait a une maison, mais qui se trouvait etre un petit resto a okonomiyaki. Apres avoir verifie que Midori san va bien prendre le volant, Mamoru san propose de commander des bieres. Pour ce qui est du okonomiyaki, pas le choix, il commande des « Speciales » pour tout le monde. La voiture repart pour le nord de la ville. Avant d’en sortir, petite pause dans une superette pour faire des courses. Je porte le panier pour Midori san. Elle demande ce que l’on mange : on mange TOUT, tout ce qui est japonais… on mange !!! Il faut parcourir 45 minutes de lacets montagneux pour arriver dans le petit village de Sugane. Il fait nuit, mais on comprend bien qu’il y a des arbres partout. Ce soir apres un the, on va se coucher sans voir Yoichi san, le fils, qui est notre contact WWOOF. Mamoru san nous depose a la « second house », a 2km dans la foret derriere chez eux. C’est une maison de 60m2 que des amis leur pretent. Ce sera notre « chez nous », au fond des bois, avec un voisin parfaitement muet pour ne pas gacher le silence.

Famille Fukuda :

Les Fukuda

Les plus anciens, c’est Mamoru et Midori san. Ils ont dans les 62 ans et deux visages marques par la vie au grand air et de nombreuses heures passees a sourire. Ils ont fait 3 enfants dont un a repris la ferme familliale. La generation suivante c’est Yoichi et Terumi san. Lui s’occupe de la ferme 12 heures par jour, elle, fait femme au foyer et s’occupe de l’administratif de la ferme a mi-temps, avec sa belle-mere. Le futur c’est Lisa chan (Oui, le san devient chan pour les enfants), la fille et petite fille de la famille. Elle a 3 ans et comme tous les enfants japonais de son age elle a le droit de tout faire, meme de monter debout sur une chaise devant l’evier avec un couteau de 20cm a la main.
Lisa chan au resto

Une journee type : RDV a 6h45 dans la cuisine de la maison principale. On a rien a faire que sortir les derniers couverts, aider a servir un peu et manger. Parfois, pas toujours, on se fend de la vaisselle. 8h, on commence a bosser 10h, une pause jusqu’a 10h20 petante, dans une des salles de repos de la ferme. Le lieu change en fonction de l’endroit ou la majorite des employes bossent (4 a 6 employes). On prend du the ou du cafe. Parfois le patron sort des biscuits, parfois du raisin. En fin de sejour il fait tres chaud, on se farci une glace a l’italienne gout raisin  a chaque pause  (Oui, oui,oui ya la vraie machine au magasin). 11h30, l’un de nous 2 (alternativement) part aider Terumi san a preparer le repas du midi. Ca les a surpris que je veuille y aller aussi, c’est le cote vieu jeu du Japon, ca se verifiera plusieurs fois. 12h, pause dejeuner. 13h boulot. 15h pause the, cafe, glace a l’italienne jusqu’a 15h20 16h fin de la journee pour nous, pas pour les employes qui bossent jusqu’a 17h. On se rentre a la « second house » pour prendre une douche et siester si necessaire. En general on retourne chez eux avant le repas pour profiter d’internet qui est parfois remplace par un apero. Entre 19h et 20h commence le repas du soir. On n’a rien a faire que de finir de mettre la table. Vaisselle selon l’humeur. 21h30 on tache d’etre rentres a la « second house » et dormir vite car on se leve tot.

Boulot-boulot : Ca a commence avec le raisin. C’etait le moment de mettre chaque grappe de raisin dans un sac en papier protecteur, a meme l’arbre. Comme le japon est tres humide, il faut proteger le raisin de cette maniere. On emballe dans les 600 grappes par jour sous un toit de vigne qui a ete installe a hauteur de japonais. Soit on est plie en deux, soit on a la tete entre les grappes. On voyait le coup venir qu’il allait falloir faire ca 2 semaines d’affile. Non, non, non. Quelque conversations diplomatiques ont permis de faire varier les plaisirs, meme si on a continue a faire une demi journee d’empaquetage jusqu’a ce qu’il ne reste plus une grappe a l’air.

Blue-berry = myrtille. Il a d’abord fallu remettre a plat tout un champ de myrtille qui avait ete visite par les cochons sauvages. Ca veut dire que Philippe a egalise le terreau qui permet d’acidifier le sol. Les myrtilles aiment l’acide. Ensuite, on a souvent fait la recolte de myrtille et/ou du desherbage. Fadia, tres courageuse, s’est habituee facilement a mettre les mains au fond des arbustes pour recuperer les baies mures en ignorant toute la faune qui vit dedans. Il y a quand meme eu quelques cris. Une fois releve ce defi, la recolte des myrtilles est un des meilleurs points de vue pour vraiment observer la diversite des insectes. La chenille qui se cammoufle en feuille morte : on a adore.

Poire. Les Fukuda ont des poires, mais elles etaient deja toutes emballees. On a jamais bosse dessus.

Poncage et peinture : pour sortir de l’enfer du raisin, on a mis en avant les talents de peintre de Fadia. Ca a commence par le bureau de l’entree du magasin ou passent tous les clients. Il  faisait franchement pitie, ce fut comme un conseil marketing. Ca leur a plus. On s’est donc tape l’ensemble de leur mobilier d’exterieur en bois. Philippe au poncage (Surtout, le metal a la ponceuse electrique) et Fadia a la peinture et au vernis. A un moment on faisait blue-berry le matin et peinture l’apres midi.

Bricolage. Il a fallu assumer mon role de « gars du batiment ». Petits coffrage-ferraillage-betonnage pour renforcer la charpente du hangar (Faut le voir pour le croire). Rebouchage de nid de poules avec granulat et plaque vibrante. 6m2 d’enrobe a froid, toujours avec la plaque vibrante. Plantation de parterres de fleurs.

Nourrir les chiens. C’etait pas vraiment un travail car Mamoru san essayait de faire faire ca a Philippe avant 8h du matin. La ils tiraient un peu sur la corde. Les Fukuda ont 6 chiens repartis sur la propriete. 2 femelles ont eu 7 et 2 petits chacune le meme jour. Certains matins, Philippe prenait la « camionette decapitee » pour faire le tour et nourrir les chiens. Tous puent, certains sont timides, d’autres ne pensent qu’a la bouffe. La plus affective c’est Nana. En japonais ca veut dire 7 et justement elle a eu 7 petits d’un coup. C’etait mignon !!! On dit « kawai desu » en japonais.

Repas francais : Nul n’est prophete en son pays. Il y a eu 2 repas francais. A la base, la strategie etait de faire simple pour pas se prendre la tete. Comme on trainait pas tous les jours dans les supermarches, on a fait le menu avant de connaitre les ressources exactes du pays. Avocats crevettes, quiche, tomates farcies, gateaux au chocolat. Deja, au japon, la creme fraiche ils connaissent presque pas. La seule qui existe, c’est de la liquide avec toujours une image de chantilly dessus. Elle est conditionnee en 200ml et ca coute 4 euros la brique. Comme c’est eux qui payent, on avait un peu la honte. Ensuite, au japon on ne trouve pas de pate a quiche toute prete au rayon frais. Philippe a du apprendre a faire ca, merci internet. A force, il connait la recette par coeur. Maintenant, nous savons faire une quiche meme avec de la creme liquide, voir peu de creme liquide. Oui, oui ca marche. Autre probleme, le chocolat a patisserie est presque inexistant, on a du s’accomoder. Comme ils avaient aime la premiere fois. Ils ont demande un deuxieme repas francais  et invite des amis a eux. Comment refuser, meme si ca prend un temps fou a preparer alors qu’on etait creve par nos journees de boulot ?

Activites annexes : A cote du boulot de la ferme, on a pu participer a d’autres activites interessantes. Yoichi san organise des week-end pour enfants avec un ami. Ils prennent en charge une vingtaine d’enfants du samedi matin au dimanche apres midi. Le samedi midi les enfants aident a preparer le repas. Il faut couper les legumes pour la grillade et faire cuire les nouilles pour le toboggan a nouilles. Un grand bambou est installe devant la mairie, en pente. Un tuyau d’arosage apporte de l’eau pour faire avancer les pates qu’un operateur apporte. Chacun se trouve une place le long du toboggan et tache de prendre des nouilles a la volee. Ensuite les enfants vont faire du canoe sur la riviere. Certains enfants dorment sur place au village. Dimanche matin, recolte de myrtilles puis fabrication de confitures. Les parents passent chercher les enfants en milieu d’apres midi. On etait la pour aider a encadrer.

Poterie. Il y a un potier au village qui donne des cours. Les Fukuda ont propose d’y aller. En 2 heures, 6 assiettes et 3 verres etaient faits. On devrait les recevoir par la poste plus tard.


Seance poterie Fukuda

Feux d’artifice. Mamoru san m’a emmene voir un feu d’artifice a la plage. C’etait l’occasion de decouvrir la vie populaire japonaise. Les japonais et les japonaises aiment s’habiller tra-tra (Kimono et chaussures en bois) quand il y a un evenement. Mamoru san qui voulait boire un coup, m’a confie le volant pour rentrer.

Fete d’ete au village. Les differents lieux-dits du village celebrent la fete de l’ete en fabriquant des sortes de palanquins qu’ils vont porter jusqu’au temple du village sur 3 kilometres en effectuant des choregraphies. A chaque pause on se rehydratre a coup de biere Asahi. Yoichi a demande si je pouvais participer. Reponse positive. Habille traditionnellement avec les chaussures souples  (Tortue ninja), j’ai pu faire le portage avec une equipe qui m’a accueilli chaleureusement. Fadia portait un tres beau kimono pour se fondre dans la foule. En depassant de 15cm de la foule et avec les cheveux frises, c’est difficile de passer inapercue. Il y a eu quelques seances photos.


Police my friend

Restaurant : On a travaille dur a la ferme mais on a ete recompense. Au dela des regalages quotidiens a la table familliale (BBQ, tempura, etc…), nous avons ete invite plusieurs fois au restaurant. C’est la larme a l’oeil que nous sommes rentres dans notre premier « sushi train », la ou l’on mange des sushi qui font le tour des tables sur un tapis roulant. Un reve se realisait. Il y a eu aussi le Okonomiyaki deja cite. Il y eu des huitres au BBQ, juste pour gouter. Le meilleur fut le dernier restaurant. Pour notre depart (on s’entendait bien), ils ont invite leurs employes et nous au restaurant et ensuite au karaoke. Le menu etait complet. Tempura, sashimi, sushi, mini BBQ, soupe miso, yakitori, creme-soupe, biere, sake a discretion. On n’a pas fait meilleur resto de tout le japon.


Repas d’adieu Fukuda

Depart : C’est assez naturel d’apprecier la stabilite, surtout quand on a passe pas mal de temps a bouger. Ca faisait 3 semaines qu’on etait la. Les relations etaient bonnes. Mais le prochain WWOOF nous attendait deja. Comme il se doit, on savait ce qu’on allait perdre mais pas ce que l’on gagnerait. Bref, c’etait un arrache coeur de depart. Un matin vers 7h, on s’est dit au revoir devant la maison, sauf a Yoichi qui nous emmenait a la gare de Tokuyama. Midori san a coule une petite larme, Fadia aussi. Dans le train pour Hiroshima, les raisins des Fukuda mirent de la melancolie.

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