Trek Annapurna Round (du 21 avril au 5 mai)
Par Philippe :
On etait prets !!!!!!!!!! Philippe avait un sac tout neuf. Il y avait du chocolat en stock pour Fadia. La reserve de pansements etait reconstituee. Les permis pour acceder aux montagnes etaient beaux comme des sous neufs. Comme un signe du destin on avait loge a l’hotel Mountain View. Plus rien ne pouvait nous empecher de monter, monter, monter, monter, monter…
Le trek a donc commence en traversant un bout de Katmandou a pied parce que nous on aime pas les taxis. On s’est ensuite enfile 2 bus pour rejoindre le « camp de base » de Besishahar. Dans le 2eme bus nous avons commence a sentir notre lente transformation en porte monnaie sur pattes. Sur les conseils d’un autochtone, Philippe est alle en upper-class sur le toit pour surveiller les sacs. C’etait l’occasion de découvrir (pour nous) que les jeunes nepalais fument bien des petards. La fameuse herbe pousse effectivement sur les cotes des chemins de rando comme de la mauvaise herbe, pourquoi se priveraient-ils ? On a passe une nuit dans un hotel de Besishahar. C’est un village sans interet, ou le randonneur pourra trouver, a prix encore legerement negociable, les dernieres fournitures pour son trek. C’est la que nous avons achete la banderole a priere que l’on voulait accrocher en haut de la montagne avec les noms de la famille et des amis. Oui oui, on est comme ca nous.
Le lendemain matin… on a commence le trek. Cette premiere etape devait nous mener a Bahundanda. Le 1er jour de trek a partir de Besishahar est theoriquement faisable en 4×4. Certains veulent commencer la balade quand on ne peut plus utiliser de voiture et certains veulent commencer le plus tot possible. Nous, on aime pas les taxis !!!! Vers la fin de cette 1ere journee de marche, la route a voiture, que nous voyons de l’autre cote de la vallee, se transforme en chantier. L’argent de nos permis servirait-t-il a faire une route dans la montagne ? Est-ce qu’un jour on pourra monter en 4×4 jusqu’au fameux Thorong La, col le plus haut du monde ? Tant de questions si interessantes.
Entrons directement dans du descriptif pour ceux qui ne connaissent pas cette petite balade Nepalaise. Il y a pleins de treks a faire au Nepal. Les 2 grandes orientations sont : aller vers l’Everest a l’est ou aller vers les Annapurnas a l’ouest. On a pris le plus classique de chez classique : vers les annapurnas. Il semble que l’everest soit moins recherche parce que les chemins amateurs ne font pas approcher de tres pres de l’everest et que le Round Annapurna permette de voir 2 ou 3 des 10 plus haut sommet au monde en une seule ballade de 12 jours.
Le trek Round Annapurna comme son nom l’indique fait une grande boucle autour des sommets annapurnains : annapurna I, II, III, IV etc. Quelques derivation surtaxees existent le long de ce chemin pour aller voir des temples et des villages dans des coins recules ou pour aller gravir des sommets. Nous, on a pas gravi de sommet, on a marche dans des vallees, a flanc de montagne, on a passe des cols (dont le plus haut du monde) mais pas de sommet. Les sommets c’est une toute autre organisation avec une vraie necessite de porteurs etc… Sur ce chemin qui passe par Thorong La (col le plus haut du monde) il est extremement difficile de se perdre. La route est tres empruntee, on croise un village toutes les heures au debut, toutes les 3h a la fin. Voila le tableau.
Ainsi, cette premiere journee qui s’acheve a Bahundanda n’est le resultat que de la vitesse a laquelle nous marchons mêlée aux objectifs sportifs : marcher 5h ou 9h ? On aurai pu s’arreter avant ou apres selon les gouts.
On a du marcher 5h, passant de 800m a 1300 m d’altitude. Les paysages a cette altitude sont presque tropicaux. C’est vert partout. On a passe notre premier pont de singe qui devait mesurer dans les 80m de long avec une riviere presque assourdissante en dessous. A cette saison, il n’y a pas trop de touristes. Juste assez pour se faire quelques potes. On a marche en parrallele avec 2 autres couples qui se sont arrete naturellement au meme hotel que nous : ils nous ont vu devant un hotel et n’ont pas cherche a chercher plus loin. Ce 1er soir, on s’est retrouve 3 couples de 25-32ans dans le meme hotel, tous trekkant pour la 1ere fois au Nepal. L’ambiance etait bonne.
Ces 2 couples se connaissaient d’avant le trek, des histoires d’amis d’amis d’autres amis, brefs des histoires de voyageurs. Un des couples etait constitue de 2 Espagnoles Catalans, voyageant depuis 10 mois. Le deuxieme couple etait Polono-argentins, une tres belle histoire de Couchsurfing a Cracovie.
Nous decouvrons tous ensemble le confort Annapurnin. Nous decouvrons tous ensemble qu’il est possible de negocier : nous accepterons de manger chez vous pour 5 fois les prix de Katmandou si vous ne nous faites pas payer la chambre poussiereuse.
Le lendemain les couples partent en decale entre 6h30 et 7h30 comme en rallye.
Suite par Fadia :
On met bien gentiment des petits pansements sur les parties du talon qui ont chauffe hier. Bon, des petits bouts, hein parce qu’on n’en a pas des kilometres et qu’on ne sait pas encore si on aura d’autres besoins. Puis on part en beaux derniers de l’hotel.
On finit rapidement par rattraper un des couples, mais on stoppe rapidement pour refaire un peu les pansements qui decidement etaient un peu trop petits…
Il faut savoir que c’est la 1ere fois qu’on met nos chaussures de randonnee depuis maintenant 4 mois 1/2 entre l’Inde et le Nepal au climat si chaud. Nos petits pieds ont uniquement vecu les claquettes de plage depuis tout ce temps. Et voila que du jour au lendemain, on les enserre dans ces grosses pompes pour une marche de plusieurs heures par jour…
Bref, on marche bien, on rattrape tous nos copains de la veille et on arrive avant eux a l’hotel. Ainsi de suite pendant 5 jours jusqu’a avoir 1 jour de marche d’avance sur eux tous. Mais… parallellement, nos talons sont de plus en plus douloureux, et ce qui n’etait au debut qu’un echauffement de peau se transforme gentiment en belle ampoule au talon affreusement douloureuse. Et c’est comme ca qu’on s’est mis a faire la plus belle connerie du trek : marcher sous antalgiques… Arriva ce qui devait arriver. Le matin du 5eme jour, apres une nuit refrigeree (pas plus de 5 degres dans la chambre…), on ne peut plus mettre nos chaussures. J’ai meme une crise de larmes en voyant mes plaies ce matin la. Il faisait tellement froid la veille que je n’ai pas eu le courage de refaire mon pansement avant… et la, tout suppure. On a vraiment les boules.
On squatte la matinee dans l’hotel a secher les plaies et se poser mille questions quand vers midi, le couple polono-argentin arrive. Le polonais est interne en medecine et apres un coup d’oeil a mes talons il me file plein de matos a pansement. Elle, est vraiment effaree. Juste apres leur depart, on se donne du courage et on se decide a marcher jusqu’a l’etape d’apres censee etre a 1 heure de la. On la fera en claquettes de plage… Les pieds glissent, sont mouilles, mais enfin, au moins les talons ne font pas mal.
Avec tout ca j’ai oublie de parler du paysage… ^^ mais bon c’est un peu a l’image de ce qu’on a vecu, on avait un peu de mal a franchement se consacrer a lui. Ca me rappelle d’ailleurs un proverbe chinois : « On ne peut pas marcher en regardant les etoiles quand on a un caillou dans la chaussure… »
Neanmoins, a partir du precedent hotel, on peut voir, pour la 1ere fois depuis le depart, les sommets d’Annapurna II et IV (bon, si je me trompe pas, hein) et, plus pres de nous, on a admire, ce fameux matin la, une fabuleuse pente glacee entierement courbee… Vais essayer de vous retrouver une photo… Eh ben voila…
Arrives a l’etape d’apres, on fait la connaissance de Tsurit, une israelienne d’environ 25 ans d’un calme et d’une gentillesse tres appaisants. On dejeune puis le gerant nous offre une bassine d’eau chaude pour nettoyer nos plaies. Les miennes sont vraiment degueulasses et je n’ai meme plus le courage de m’interesser a celles de Philippe, qui risque de se plaindre de mon apitoiements ces derniers paragraphes…
On retrouve tout le monde dans cet hotel, les polono-argentins et les catalans. Le soir, tout le monde parle de l’objectif de demain : arriver a Manang. Par le chemin difficile ou le chemin facile, mais y arriver. C’est a 5 heures de marche. Pas tres long… quand les pieds vont bien. Tsurit, qui est adorable, me propose de me preter ses sandales de marche. Elle, elle n’utilise que ca dans la journee et ses chaussures de marche le soir pour ne pas avoir froid aux pieds. J’accepte, puis, le lendemain, craignant de ne pas parvenir a arriver jusqu’a Manang et ainsi ne pas pouvoir les lui rendre, je ne les lui emprunte finalement plus. On se refait une journee de marche en claquettes de plage. Ce n’est finalement pas si terrible, le chemin est facile.
Manang est la plus grosse station de montagne de Annapurna round. C’est une etape quasi obligatoire, car la 1ere au dessus de 3500 metres et il FAUT s’y arreter au moins 2 nuits pour permettre une bonne acclimatation a l’altitude. N’empeche qu’une fois nos sacs poses dans un hotel, on fonce a ce qui nous a paru le plus interessant a Manang : le centre de sante. Il est tenu par 3 medecins en roulement, 2 americaines et une suedoise. De la medecine occidentale quoi. Elles sont evidemment impressionnes par mes ampoules. On me declare qu’elles sont infectees et que j’en ai pour au moins 3 semaines de traitement, et quelques jours de repos a Manang en venant les voir regulierement. Elles sont beaucoup plus rassurantes pour les ampoules de Philippe… Meme si le pauvre vient de se faire 2 nouvelles grosses ampoules mais SOUS le pied cette fois. Cause a nos 5 heures de marche en tatanes.
Je suis evidemment bien depitee, pas de recettes magiques a ce stade la. Et j’ai un mal de chien, qui ne va pas s’arranger avec le traitement prescrit, nettoyage a l’eau chaude salee 3 fois par jour. Ca fait pleurer a chaque fois. Et apres il faut que je reste allongee, les pieds sureleves la majeure partie de la journee pour permettre aux plaies de secher. Des que je me mets debout, les plaies « pissent » de la lymphe, je me transforme en escargot quoi ! Pour les ames sensibles, priere de ne pas cliquer sur les liens suivants… Ampoules de Philippe et de Fadia
On en sort quand meme grandis puisque l’infirmiere nous donne un super tuyau sur le gestion des pieds au stade juste avant les ampoules : quand on marche et qu’on sent que ca chauffe quelque part sur les pieds, il faut s’arreter immediatement et mettre du gros scotch argente (oui, celui qu’utilisent les brigands dans les films ! ^^). Et ainsi, on est pare contre les ampoules ! Bon on l’a appris un peu trop tard, mais c’est pas tombe dans l’oreille d’un sourd.
Bon ben en gros on est reste a Manang. Il y a pire hein, le paysage etait assez fantastique, il y a tout le confort et du monde qui passe. Le lendemain, nos copains espagnolo-polono-argentins sont donc repartis sur la route. Adieux avec echange de mails. Classique. Et la, on a pu confirmer l’avidite des commercants et hoteliers du tour des Annapurnas. Qu’on s’explique… Depuis le debut du trek quand on arrive dans un village pour y passer la nuit, un business classique avec les hoteliers est : « vous ne payez pas la chambre mais vous mangez chez moi ». Ce qui est tres interessant pour eux puisque la nourriture est vendue tres chere en altitude. Et plus on monte, plus c’est cher. Arrives a Manang, qui est carrement une petite ville, il y a pour le coup beaucoup de concurrence et certains restaurants qui ne sont pas lies aux hotels. On revient donc a des prix moins indecents. Les hoteliers, eux, nous ont propose 2 prix differents pour la chambre : on paye 2 fois plus cher si on ne mange pas chez eux. C’est ce qu’on a accepte. Et effectivement on pouvait aller aux restos alentours qui n’etaient pas mauvais. On y payait quand meme plus cher que les nepalais… a titre d’exemple, un pain tibetain (sorte de brioche a peu pres en forme de bretzel) coutait 50 roupies pour nous contre 5 pour les nepalais ! Mais ca restait tout de meme meilleur marche que les resto d’hotel ! N’empeche que qu bout de 2 nuits, l’hotelier est venu nous voir pour nous annoncer qu’on etait de mauvais clients (sic) et que ce soir la chambre etait deja bookee pour un autre client. En d’autres termes, il fallait qu’on degage. J’etais reellement en rogne, surtout que le gars voyait mes plaies et la difficulte avec laquelle on se deplacait. On est donc partis ailleurs. En fait quasiment en face, dans une chambre super bien situee car avec des fenetres aux 3 cotes. Parfait pour admirer la montagne, ca d’accord, mais bien nien froid. Ben ouais hein, on peut pas svoir une grande baie vitree sans courant d’air ! Pas ici en tous les cas ^^ Et puis… rebelotte ! On se refait virer au bout de 2 nuits ! Meme cause, meme effet. Entre temps on a rencontre Guillaume, un interne en medecine generale en train de mener son travail de these a Manang. On sympathise bien et il nous parle de son hotel, ou on finit par debarquer. Effectivement l’accueil est bien plus cordial que dans les autres… Et la, on prendra une grave decision. Apres avoir hesite pendant plusieurs jours a rentrer a Kathmandou en avion (il y a un petit aeroport a 2h de marche de la), on se dit qu’il faut continuer le trek et au moins passer le col de Thorong La. Oh, non pas que les pieds vont mieux non, mais il le faut. Decision mi-courage et mi-orgueil. Et donc on va s’acheter des sandales de marche dans la journee. Les sortes de grosses sandales a scratch portees par les allemands. Oui avec des chaussettes ! On voit que vous suivez hein ^^
Le lendemain matin donc, lever a 5h30, depart vers 8h30. Ah oui, faut se preparer pychologiquement quand meme. Et ca n’est pas si terrible que ca. On marche pas mal et les sandales sont bien confortables meme si, comme on ne peut pas fixer le scratch a l’arriere du pied (ben oui, cause aux ampoules !), eh ben le pied glisse de la sandale quand on est en cote. C’est un coup a prendre, un pas pour avancer, un mini pas pour remettre la sandale. On arrive a 4200m d’altitude a Letdar. On dine a l’hotel cette fois puisque la il commence a faire vraiment tres beaucoup froid. On arrive dans la salle de restaurant qui est bondee et on s’apporoche d’un grand groupe attable en decidant de se greffer a eux. Et Philippe a une phrase malheureuse tandis qu’on s’asseoit « de toute facon ils ont rien a se dire… ». Manque de bol, c’est un groupe de 20 francais. Ah les mauvaises habitudes qu’on prend en voyageant a l’etranger : parler sur les gens devant eux .. On essaye de garder contenance tandis qu’on doit etre en train de virer au rouge. Malgre tout, je discute pas mal avec ma voisine de table qui est medecin « incognito », elle a prefere cacher au groupe sa profession pour… ben je sais pas trop en fait…
Mais ca c’etait avant le drame… La nuit fut horrible. Je suis obligee de me rendre une bonne dizaine de fois aux toilettes situees a l’exterieur a cause d’une gastro terrible. Vidange complete haut et bas quoi. On se repose la journee suivante tout en buvant du coca et mangeant du riz et on reprend la route le jour d’apres. La, encore une fois parce qu’il le faut. Mais la, la marche est assez terrible, je suis affreusement faible et je suis obligee de m’arreter tous les 10 metres quand ca monte. Et dieu sait que ca monte ce jour la ! Et surtout la derniere etape de la journee ou on est, quasi litteralement, devant un mur. De Thorong Phedi (4420m), on contemple au dessus de notre tete, le chemin pour arriver a Thorong High Camp (4800m). C’est un cauchemar. La montee est interminable et vraiment dure. Et les sandales glissent plus que jamais. On est plus qu’essoufles. Et sur les 20 derniers metres, alors qu’on est quasiment a la porte de l’hotel et qu’il y a une grande baie vitree permettant a ceux deja arrives de contempler notre progression (hou la honte), on s’arrete 3 fois pour faire une pause ! Impossible de faire 20 metres d’une traite ! L’altitude se fait bien sentir, et le corps est HS.
Cette fois-ci, c’est le pompon des hoteliers. Aucun sourire, les yeux dans notre porte-monnaie et pas une once de sympathie. Ici, pas moyen de se rechauffer nulle part. Les chambres sont frigorifiees et meme la salle a manger de l’hotel n’est pas chauffee. Et le comble, il y a des fuites au toit et de la neige tombe un peu partout : sur les clients, leurs plats, les tables… Cette nuit, rebelotte. La gastro reprend de plus belle. J’en pleure de rage. La y en a marre ! Deja il faut se lever dans le grand froid, en pleine nuit, sortir dehors sous la neige mais en plus, l’eau des toilettes est a moitie gelee, mais pas le choix, je dois l’utiliser. Heu, oui… comment dire, on n’utilise pas de papier toilette en Inde et au Nepal, mais de l’eau. Tres etrange au debut, mais a l’usage, beaucoup plus hygienique. Bon c’est tout de meme galere quand il fait trop froid comme ici. La je prends notre trousse a pharmacie et me fais un cocktail d’antibio, anti-emetique et d’antispasmodique. La fin de nuit est calme. Et le matin malgre une grande lassitude, je me leve et dis a Philippe que je veux qu’on parte. Il est un peu deboussole, s’etant deja prepare psychologiquement, vu la nuit pourrie, a ce que l’on reste se reposer aujourd’hui. Je suis epuisee mais je ne veux plus rester un jour de plus dans cette montagne. Regagner la ville et enfin se reposer et panser nos blessures est mon seul leitmotiv. Ah oui, les ampoules infectees… C’est toujours la galere mais ici, en altitude, c’est devenu secondaire. Il faut finir ce trek.
La montee a Thorong La (5416m) est faite a bout de souffle tout du long. Philippe a une meilleure peche. Je bois a toutes petites gorgees mon coca pour l’economiser. Et la progression se fait de 10 m en 10m. Une vraie petite vieille. Et quand au bout de 2-3h on commence a voir les fanions suspendus au col, je me mets a pleurer.
On pause, on boit un the avec difficulte, j’ai un peu la nausee. Mais enfin, on y est arrives ! C’etait presque inespere jusque la. Et donc, on a supendu notre fanion achete dans la vallee. Et sur chacune des parties sont marques vos noms a tous ! Oui, a vous tous, a vous notre famille, a vous nos amis ! Nos proches qu’on aime. On voulait partager ca avec vous, et pendant que vous me lisez, vous flottez a 5416 m d’altitude !
On a les pieds geles (montee en tatanes je le rappelle), on est HS mais hyper heureux d´etre parvenus au col ! A ce niveau le sol est mi-gele, mi-enneige et lorsqu´on entame la descente… eh bien c´est un peu complique… on se retrouve rapidement avec les pieds mouilles, et ca glisse ! On se fait depasser beaucoup pendant les 1ers kilometres.
Et puis… au fur et a mesure de la descente… il se passe un changement radical, pour ma part du moins : j´ai une peche d´enfer… a croire que j´ai pris des amphetamines ! Philippe est hyper etonne de ma soudaine forme et je me mets a devaler la piste comme une gazelle. J´en suis meme a courir parfois. Et… petit a petit, on rattrape enormement de monde ! C´est un vrai bonheur, je me sens hyper bien. Philippe quant a lui va un peu moins bien : il souffre de ses ampoules sous les pieds et les cuisses se mettent a crier au bout de plusieurs kilometres de piste bien pentue. Quand on rattrape Mori, un copain japonais rencontre la veille a l´hotel, il est l´heure de s´arreter pour dejeuner. Flute ! J´aurais bien aime continuer d´une traite jusqu´au village de Muktinath. On mange donc, on se refroidit beaucoup mais c´est vrai que c´etait plus serieux…
Et puis on repart… La, je laisse les gars derriere et decide d’arriver le plus vite possible a la station de Muktinath et nous reserver le 1er depart jusqu’a Jomsom. On nous a dit qu’a partir de la, il y a des bus pouvant nous conduire a Kathmandou… la fin du calvaire quoi.
Au bout de 45 mn de descente, je nous reserve un trajet en Jeep jusqu’a Jomsom et rebrousse chemin pour aller a la rencontre des garcons… Ils sont mal en point tous les 2… tout le monde boitille. Finalement Mori restera a Muktinath. Et la nuit se fera a Jomsom pour nous….
La mauvaise nouvelle en arrivant : a cause de la greve des Maoistes, il n’y a plus de transport du tout dans tout le Nepal !!!! Plus de bus, plus rien… et meme les vehicules prives sont interdits de circulation ! Il ne reste plus que l’avion. On part donc le lendemain matin en avion jusqu’a Pokhara en esperant choper tout de meme un bus jusqu’a Kathmandou… Bon… on est un peu contre l’avion en general, surtout quand theoriquement le trajet se fait en bus normalement… mais la c’est vrai qu’on est mal en point et que… le trajet est carrement superbe ! On survole les montagnes et la vue des villages perdus en altitude, les champs etages est a couper le souffle. Le trajet ne dure que 18 mn. Et puis c’est la 1ere fois qu’on voyage dans un tout petit coucou comme celui la : un siege de part et d’autre du couloir, des vibrations en vol hyper impressionnnantes, la vue du pilote assis a l’avant, non separe des voyageurs… tout ca ca valait quand meme cet imponderable.
Arrives a Pokhara, on apprend qu’effectivement il n’y a QUE l’avion pour aller a Kathmandou… on se precipite donc au guichet… mais, plus de place avant 3 jours ! La, non on craque… c’est pas possible, on n’en peut plus, les ampoules sont encore bel et bien infectees, les jambes font mal et le moral est pas du tout au top. On nous envoie dans une agence qui ne parvient pas a nous aider, puis on s’infiltre de nouveau dans l’aeroport, qui en raison de la penurie de billets ne veut plus laisser entrer personne… on fait le pied de grue devant l’entree des guichets ou 3 policiers font la securite… mais interdit d’entrer… Et ils sont particulierement chauffes a blanc… depuis plusieurs jours tout le monde les harcele pour entrer mais eux ont pour ordre de refuser l’entree aux personnes sans billet ! Les gens comme nous quoi !
Au bout d’un moment on discute avec un monsieur qui s’avere etre le chef de la secu… il autorise Philippe a entrer, mais sans moi… pour qu íl soit oblige de resortir quoi. Et l’attente est interminable. Tous les guichetiers des differentes compagnies disent a Philippe qu’il n’y a plus de billets, mais, l’un d’eux laisse esperer 1 billet pour la fin d’apres-midi. On attend donc hyper patiemment… et puis, au bout d’1 heure, je suis autorisee a entrer aussi… On mange, on attend, on stresse… puis arrive l’heure fatidique… et… on a le droit de monter tous les 2 dans le mini-avion !!!! La liberation. Ca fait 8 heures qu’on est partis et voici notre 2eme trajet en avion durant lui aussi quelques minutes.
Arrives a Kathmandou, les elements se dechainent et une pluie drue tombe sur le tarmac… on sait qu’on est encore loin du centre ville et qu’on n’est pas capable de marcher longtemps tous les 2… Et puis, la chance nous sourit encore : un bus est affrete specialement pour les touristes et nous conduit a Thamel, au centre de Kathmandou. Les Maoistes, qui sont des gens un peu censes, se sont dit qu’il ne fallait pas completement obstruer la progression des touristes, au risque que la 1ere source de revenu du Nepal ne s’effondre… Et au bout de cette longue progression pleine d’embuches, on arrive enfin a notre hotel, et on a presque les larmes aux yeux en etant accueillis avec le sourire…
Bon a KTM, la situation n’est pas rose non plus… Il y a un couvre-feu qui en fait couvre toute la journee sauf 2 h par jour de 16h a 18h. Le reste du temps tous les commerces sont fermes et il est deconseille de deambuler dans la rue en raison des manifestations de Maoistes qui peuvent etre violentes. On restera 9 jours, entre la demande visa chinois, le pansage de nos blessures et notre lente convalescence… Et il faut dire que tous les 2 on n’a pas fiere allure : on dirait 2 handicapes, on est carrement obliges de se cramponner aux murs pour descendre les escaliers… Dans la rue, c’est pas mieux, Philippe marche comme sur des oeufs, tandis que moi je dois m’asseoir tous les 50 metres ou a chaque fois que l’on ne marche plus. Mes talons font horriblement mal des que je reste debout plus de quelques minutes, et ca suinte encore terriblement. Il bien evidemment hors de question de porter des chaussures fermees et ca durera 1 mois 1/2 au total.
A KTM, on fait pas mal de rencontres, on prend nos repas regulierement avec 3 francais qui preparent leur trek. Ils habitent a la montagne et sont forts sympathiques. Au bout de quelques jours, je chope une belle angine qui me cloue au lit pendant 2 jours et on apprend au meme moment que Christine est enceinte ! Trop d’emotions ^^
Et puis c’est enfin le depart pour la Chine… un avion qui nous conduit a Guangzhou (prononcer gwangjo), Canton quoi. A nous les ptits chinois !